Les paniers de Paul
Paul a toujours travaillé le bois avec une extrême dextérité.
Il était particulière doué pour fabriquer des paniers d’une qualité remarquable, héritage de son père, comme le retrace Marius dans ses mémoires (voir ci-dessous).




Extrait des mémoires de Marius à Léoncel
Chaque soir, à la veillée, c’est la fabrication de paniers : travail minutieux long mais qui donne des résultats étonnants d’esthétique et de solidité.
Ces paniers sont de deux sortes : les uns dits « gros » sont destinés aux travaux champêtres : ramassage des pommes de terre, par exemple. Ils sont fabriqués en fonction de l’usage qui en sera fait et sont très solides.
Les autres sont dits « fins » : c’est le panier de luxe beaucoup plus fignolé, plus soigné que l’ordinaire mais tout de même très solides. Ils servent à transporter les marchandises à vendre (poules, oeufs, beurre). Et sont vendus aux gens de la ville.
Ces paniers sont faits à partir de noisetiers qui ont été coupés avant l’hiver, ils sont choisis bien droits sans nœuds de diamètre moyen (3 ou 4 cm). Un seul outil suffit pour ce travail, un couteau qui ne quitte jamais la poche de son propriétaire. Avec ce couteau l’écorce du noisetier est enlevée. Ensuite commence l’opération délicate qui consiste à tirer de ces noisetiers des « cotayous » ce sont des lanières de bois elles sont souples et se prêtent parfaitement au travail de tissage qui est fait avec elles ; leur largeur et épaisseur varie suivant qu’elles sont destinées à faire des paniers « gros » ou « fins ». Du côté du gros bout du noisetier une saignée est faite avec le couteau, alors le noisetier est empoigné à deux mains de part et d’autre de la saignée, en appuyant fortement sur le genou et tirant des deux mains vers soi sur le noisetier, une lanière blanche se détache, en répétant plus loin les pressions successives un long « cotayou » est obtenu. Quand les « cotayous » ont été enlevés tout autour du noisetier il reste une tige de bois bien malléable ; c’est avec ce bois qu’est faite l’ossature du panier. L’anse tout d’abord c’est un cercle qui sera amené à la forme voulue ; perpendiculairement à ce cercle et passant par son diamètre l’armature elle-même fait d’un même bois. Anse et armature sont liées ensemble à l’aide de cotayou en faisant alternativement passer ce cotayou d’un côté et de l’autre de l’anse et de l’armature. Ceci fait, il faut monter les « cotes » : ce sont des bois de noisetier de longueur convenable appointés de chaque côté, ces pointes pénètrent dans la monture du cotayou qui fixe l’anse et l’armature. Quand toutes les « cotes » sont montées il ne reste plus qu’à tisser à l’aide du « cotayou » les cotes formant la trame. Pour les paniers dits « gros » l’anse est bien dégrossie au couteau mais laissée telle qu’elle. Pour les paniers dits « fins » au contraire, l’anse est habillée avec des cotayous très fins cela donne un fini très heureux à la vue.
A la ferme, pendant l’hiver des quantités assez grandes de ces paniers sont fabriqués et au printemps mon père en a un grand chargement sur une charrette qu’il descend à la ville pour être vendu à un revendeur.
Au-delà des paniers, Paul était en mesure de réaliser des chaises (pour usage réel ou pour jouet d’enfants) avec une qualité de paillage inégalée.

Il pouvait également réaliser des tabourets…

… et même des jeux d’échec !
